Compte rendu complet du débat du Conseil régional. Les documents ci-joints sont disponibles sur le lien "iter atto".

Objet du Conseil n. 1508 du 20 octobre 2015 - Resoconto

OBJET N° 1508/XIV - Interpellation: "Raisons par lesquelles ne sont pas insérés dans les écoles des cours de patois facultatifs".

Président - La parole au Conseiller Laurent Viérin.

Viérin L. (UVP) - Merci Monsieur le Président.

Nous avons deux initiatives sur le patois, Assesseur, surtout pour solliciter un peu un thème que nous avons pas encore affronté dans cette législature sinon au début de la législature et nous croyons qu'il y avait d'autres sujets de plus brûlante actualité dans cette année et demie de crise, mais cela ne veut pas dire que le thème des langues bien au contraire est moins important par rapport à d'autres sujets qui ont été affrontés par notre Conseil de la Vallée. Le discours, qui est lié à la valorisation du franco-provençal, mais non seulement de notre patois et des parlées walser, a été un sujet, un thème qui a été longuement débattu dans cette salle. Dans la dernière législature nous avions, comme Assessorat, essayé de travailler sur une logique un peu différente de valorisation culturelle et linguistique, c'est-à-dire que pendant des années le patois était un peu considéré comme un patrimoine exclusivement des valdôtains et nous avons par contre essayé de faire devenir cette langue que nous avons toujours appelée la langue du cœur des valdôtains patrimoine aussi de ceux qui ne sont pas valdôtains et qui ont envie de se reconnaître dans les caractéristiques linguistiques et surtout culturelles de notre Région aussi à travers la connaissance d'une langue en plus. Déjà une opération culturelle, linguistique et psychologique avait assez eu du succès, c'est-à-dire que ce n'était pas une langue imposée, ce n'était pas une langue qu'on obligeait les jeunes générations...

(brusìo in aula)

Presidente - Un po' di silenzio per cortesia.

Viérin L. (UVP) - ...on comprend que les thèmes linguistiques ne sont pas patrimoine de tous, mais nous essayons de toucher les sensibilités d'autrui...

Président - Sont très importants les thèmes linguistiques.

Viérin L. (UVP) - ...merci Président. Si l'opération linguistique et culturelle réussit à être une opération psychologique entendue comme une sollicitation et une opportunité en plus, c'est un projet culturel que tous ensemble d'une façon même largement partagée nous étions et nous avons été fiers de mener. Nous avons considéré un moment historique, il suffit de rappeler toutes les manifestations, les événements, mais aussi les projets un peu plus, disons, profonds. Je pense à cette infirmière, Patrizia Lino, qui a écrit un livre en patois, une personne qui n'est pas valdôtaine, qui est venue en Vallée d'Aoste et qui a senti l'exigence en soignant les malades d'avoir une possibilité en plus, car en soignant une personne âgée dans sa langue elle avait reconnu...elle avait essayé de transmettre aussi cette passion à travers des publications, l'idée d'avoir une opportunité en plus...c'est une possibilité de se reconnaître dans les caractéristiques de notre peuple.

Disons qu'il a été un projet progressif: avant d'arriver à l'introduction d'une façon facultative dans les écoles - une lettre qu'on avait envoyée à tous les parents avec une très bonne réponse -, nous avons essayé, justement, de miser sur le partage, d'essayer de faire sentir les gens partie en cause de ce projet pour ne pas justement avoir cette impression que cette langue est seulement un patrimoine de quelqu'un. Disons cela car, quand nous allons au Valais, quand nous allons en Savoie, quand nous allons ailleurs, c'est très intéressant d'entendre, même si c'est triste, que le patois existe seulement en Vallée d'Aoste car d'autres communautés ont essayé de le défendre: nous avons bien évidemment le patois d'Evolène, nous avons quelques cas en Haute-Savoie, quelque chose en Savoie, mais le patois est anéanti dans d'autres communautés. J'ai vite pensé à la France où pendant longtemps il y avait dans les écoles cet instrument qui s'appelait la patoise qui venait systématiquement donnée sur les doigts de l'enfant qui utilisait un mot en patois, qui était banni dans la classe et qui ne pouvait reprendre son dialogue avec les autres élèves jusqu'au moment où un autre enfant parlait patois et donc il transmettait la patoise... Le terme patois en France a été souvent utilisé comme un terme négatif sur les langues régionales, il suffit de penser à des pancartes qui existent encore aujourd'hui en Bretagne où il est écrit qu'il est interdit de cracher et de parler breton; ce sont des pancartes historiques, bien évidemment, pas récentes.

D'un point de vue historique, des collègues ici dans cette salle - je pense à l'ami Pino Isabellon, plutôt qu'à d'autres collègues - ont dans le temps fait partie de mouvements comme le mouvement Arpitan plutôt que des mouvements des centres culturels, du théâtre populaire qui dans le temps ont su défendre le patois, qui a été défendu avant tout par le peuple et après par les institutions. Les institutions ont incarné justement pour les raisons de sollicitation du peuple et surtout le mouvement de l'Union Valdôtaine a su à la fin des années '70 se reconnaître dans ces thèmes culturels et linguistiques et a eu un consensus qui est dérivé aussi de cette capacité d'interpréter les sentiments populaires. Le patois surtout après le 1968 a été une réaction au 1968 de la ville: la réaction campagnarde qui voulait réaffirmer que la langue du cœur, la langue du peuple n'est pas une langue qui doit être amoindrie, mais une langue qui a la même dignité d'une des langues...même s'elle n'a pas eu une koinè...des grandes langues véhiculaires qui existent aussi en Vallée d'Aoste.

Nous avons toujours dit que nous voulions bien évidemment l'anglais, bien évidemment le français, l'italien, toutes les langues de la communication, mais nous ne voulions pas abandonner nos racines, notre identité. Nous avons présenté cette initiative, Assesseur, simplement pour reporter l'attention sur un projet scolaire qui avait eu un grand succès. Nous avions formé entre autres des enseignants et des enseignantes de patois, donc des gens qui ont soutenu des examens, des cours et qui auraient dû et qui ont en partie, disons, développé cette filière. Déjà l'année passée on avait été sollicités par nombreux enseignants qui se demandaient comment ces cours avaient évolué car il n'y avait plus de nouvelles. On nous dit, on apprend que maintenant il y a une envie de modifier un peu et d'utiliser le BREL à travers des cours qu'on fait normalement dans les écoles, pour dire: "bon, le patois existe". C'étaient des choses différentes, la formation des Concours Cerlogne, tout ce qui est fait dans le plan de l'offre de formation des écoles est quelque chose de différent: là c'était l'introduction organique et d'une façon facultative et hors de l'horaire scolaire, donc qui n'avait pas une envie de superposer...en disant: "pourquoi on enlève la mathématique et on met le patois?", "pourquoi on enlève l'histoire" pour dire.

On aimerait donc...et on le dit en sens propositif, en attendant la réponse de l'Assesseur...s'il y a effectivement l'envie de relancer, parce qu'on a attendu une année et demie et on n'a pas voulu faire de la polémique sur ça, mais nous croyons que si un projet a misé sur des jeunes, si un projet a misé sur des enseignants qu'on a formés expressément pour cela, on souhaiterait que ce projet ait un cours car les administrateurs changent, mais les adresses politiques, surtout en matière culturelle et linguistique, devraient rester dans le sillon de celle qui est une envie de transmettre un patrimoine culturel et linguistique aux nouvelles générations.

Presidente - La parola all'Assessore Rini.

Rini (UV) - Merci Monsieur le Président.

Collègue Viérin, vous avez très bien rappelé comme la sauvegarde et la valorisation du franco-provençal est depuis toujours l'un des objectifs primordiaux de l'action propre de l'Assessorat de l'éducation et de la culture. Le principal milieu de formation reste donc celui de l'école, bien sûr. Pendant quelques années différents projets ont été mis en place par l'Assessorat, vous en avez rappelé quelqu'un, pour élargir l'offre de formation au sein des institutions scolaires grâce à l'enseignement à plusieurs niveaux du franco-provençal. Ces diverses expériences ont permis de réfléchir sur les problèmes relevés par les différents acteurs du système et portés à l'attention de l'Assessorat, problèmes qui sont notamment liés à l'organisation même des activités, à la nécessité de respecter l'aire linguistique ou la variante du lieu où se déroulent les cours, au niveau scolaire et aux capacités intellectuelles des élèves, surtout pour ce qui est des plus jeunes - je pense, par exemple, aux enfants - en fonction de l'horaire des cours, il y avait eu le débat sur l'horaire pour les petits. Le nombre des participants effectifs aux cours facultatifs s'est réduit pendant les années de 1.363 élèves de l'année scolaire 2012-2013 à 595 élèves de l'année scolaire 2014-2015. On a dû donc quand même penser à ces données qui ne sont pas des données positives dans les dernières années.

En considération même du travail fourni par l'Assessorat pour créer un système minimal de référence et de certification, a été proposée aux écoles une nouvelle initiative conjointe, même pour faire face à ces données, de nos services, qui sera mise en œuvre à partir de l'année scolaire 2015-2016 en faveur du franco-provençal en milieu scolaire même pour aller faire quelque chose, même en regardant ces données qui ne sont pas des données donc positives. Les 65 classes qui ont fait la demande pourront bénéficier d'un enseignement d'une durée de huit heures distribuées sur la période allant de la fin du mois d'octobre 2015, ce mois, à la fin du mois d'avril 2016 en raison d'une leçon environ toutes les trois semaines. Les élèves intéressés seront 1.714, donc l'année passée 595, cette année 1.714. Les 190 enseignants intéressés sont tenus de proposer eux-mêmes un calendrier adapté à la classe pour la réalisation de ce parcours éducatif de façon que ce dernier fasse partie intégrante de l'offre de la formation même de l'école. La méthode suivie pour réaliser ces activités de promotion du franco-provençal et de découverte des traditions culturelles des communautés locales sera définie par le personnel spécialement formé, en synergie même avec les enseignants. Le personnel chargé de la réalisation de cette initiative, spécialement formé, est sélectionné dans le registre régional que vous avez même cité vous, collègue Viérin, d'experts pour la tutelle et la diffusion du franco-provençal et des parlées walser. Ces personnes seront aidées dans leur travail par des enseignants et des informateurs locaux ayant une bonne connaissance de la variante linguistique de l'endroit, ainsi que des traditions locales. Cette collaboration permettra donc de renforcer aussi de l'autre côté les liens entre l'école et le territoire.

Président - La parole au Conseiller Laurent Viérin.

Viérin L. (UVP) - Madame l'Assesseur, nous prenons acte que l'intérêt que vous relégué au patois dans l'école c'est huit heures pendant toute l'année scolaire et cela nous déplaît beaucoup parce qu'on aurait préféré un peu de sincérité en se levant en disant: "mais nous ne croyons plus dans le projet de valorisation du patois dans l'école", car les huit heures que vous avez hypothisées ou que les structures ont hypothisées sont bien inférieures par rapport aux heures qu'on utilise pour le patois en préparation du Concours Cerlogne. Non seulement donc on n'a pas avancé, mais on est retournés encore en arrière et on le dit car si vous êtes passés de 2.663 élèves à 500 vous devez aussi vous demander pourquoi, parce que, après la première année, personne n'a continué à regarder cette question du patois à l'école, parce que la réalité c'est que cela n'intéressait à personne! Et chaque dossier c'est du sacrifice, c'est suivre, c'est regarder, c'est essayer de sensibiliser et le grande enthousiasme qu'il y a eu avec 2.360 adhésions a été anéanti en quelques mois.

Au-delà de tout ce qu'on peut dire, donc c'est avec profond regret que...et on l'avait compris dans le moment où on a pensé de faire cette initiative...il y a un lassisme sur ce thème et il n'y a pas plus grande erreur dans les moments de difficulté, de crise que penser que les thèmes culturels et linguistiques sont des thèmes à laisser à côté, car une communauté qui oublie son passé, qui oublie ses langues c'est une communauté qui n'a pas d'avenir. Et après on va dans les manifestations et on dit qu'on est favorables au développement des langues, qu'on est favorables à maintenir cette identité et surtout cette prérogative qui est une prérogative valdôtaine. Nous croyons donc que c'est difficile de sensibiliser qui n'a pas envie d'être sensibilisé et on essayera de faire comme on a toujours fait: de se débrouiller et de sensibiliser quotidiennement l'usage du patois, mais c'est l'école - vous l'avez dit dans vos prémisses - le premier lieu où une langue peut être défendue. Nous avons toute une série de textes des années '70, '80 de Magui Bétemps chantés et repris par Maura Susanna qui disaient: "pe tsaque queulteurra qu'i moueur, pe piquioda que fisse, totta l'emanité l'a perdù caque tsouza" (traduzione letterale dal patois: "per ogni cultura che muore, per piccola che sia, tutta l'umanità ha perso qualcosa"). Non en étant pessimistes mais en essayant de ne pas défendre même quotidiennement ce patrimoine culturel, nous ne voudrions pas qu'il y ait une petite ou grande perte de vitesse sur l'élan de nos langues.

Assessore, nell'excursus di tutte le iniziative che erano state fatte negli anni, sono iniziative trentennali di crescita dell'identità valdostana attraverso il patois...una delle ultime era un dossier che noi speriamo possa essere ripreso: era l'idea...e siamo stati anche contattati ultimamente da svizzeri e personaggi della cultura della Savoia e dell'Alta Savoia per chiedere a che punto era il riconoscimento presso l'Unesco del patois come lingua patrimonio dell'umanità. Sono procedure che spesso si fanno sui beni culturali immateriali, ma poi a volte vanno a vincolare delle zone, vanno a creare dei problemi al di là della valorizzazione, mentre il riconoscimento di una lingua come patrimonio immateriale, come patrimonio mondiale e patrimonio dell'Unesco era un'idea che attraverso la corrispondenza che lei potrà ritrovare in Assessorato...aveva così un'idea di portare questa lingua come alto riconoscimento di espressione di un popolo. Quest'anno 2015-2016 lei ci ha annunciato che con otto ore all'anno riprenderanno i corsi di patois. Noi crediamo che non sia molto importante o fondamentale il numero di ore, ma otto ore veramente ci pare una presa in giro, un'idea di inserimento di qualcosa che nessuno ha voglia di valorizzare, perché otto ore su un anno scolastico ci pare veramente qualcosa di infinitamente negativo rispetto ai grandi proclami di valorizzazione delle nostre...

Assesseur, nous aurions bien voulu - je conclus Président - que la valorisation du patois fût un thème qu'on a affronté aujourd'hui pour dire tous ensemble qu'on va essayer de représenter des dossiers, en essayant de travailler pour la valorisation, mais si dans vos annonces l'idée de valorisation passe à travers huit heures par semaine, je crois que des associations culturelles autonomes pourront se mettre à organiser des cours de patois, elles feront probablement mieux que l'Administration qui n'a pas de grande volonté sur ce thème, malheureusement.

Président - Merci.

Punto 25 all'ordine del giorno.