Resoconto integrale del dibattito dell'aula. I documenti allegati sono reperibili nel link "iter atto".

Oggetto del Consiglio n. 1936 del 20 ottobre 2022 - Resoconto

OGGETTO N. 1936/XVI - Interpellanza: "Intendimenti in merito all'avvio in alcune scuole valdostane, a titolo sperimentale e volontario, di un insegnamento immersivo in lingua francese".

Sammaritani (Presidente) - Passiamo al punto 41 all'ordine del giorno. Per l'illustrazione, la parola al consigliere Lavy.

Lavy (LEGA VDA) - Eh bien, dans l'école valdôtaine on a deux catégories de problèmes : ceux qu'on connaît, ceux qui sont évidents comme par exemple la liste des enseignants et ceux qui peut être on veut un peu cacher par rapport par exemple à la question linguistique : pas seulement une question qui concerne l'école, mais un peu la société valdôtaine entière.

J'ai eu l'honneur de participer aux réunions du Comité mixte, cette assemblée entre les délégués du Conseil régional de la Vallée d'Aoste, du Jura Suisse et du Parlement de la Wallonie Bruxelles de la Belgique. Bien évidemment, on a aussi parlé du thème des langues, mais tout a commencé quand on était dans un restaurant et on avait les serveurs qui nous servaient le diner en nous parlant italien. Alors un des délégués m'a demandé : mais comment est-ce que fonctionne le système du bilinguisme en Vallée d'Aoste ? Parce qu'on a des serveurs qui parlent en italien : ils ne sont pas valdôtains, ou sinon il y a quelque chose qui ne marche pas. Bien évidemment, je lui ai expliqué tous les aspects du système valdôtain qui est basé sur une sorte d'hypocrisie, une sorte de parité qui est sur la carte, mais dans la réalité n'existe pas. Et après l'apothéose, la plus grande, ça a été quand je lui ai parlé de la fameuse indemnité de bilinguisme, avec laquelle on a dépendants publics qui sont payés pour connaître théoriquement le français. Et ce collègue, ce délégué, a pris son verre de vin, il l'a bu tout d'un coup et il m'a dit : vous les valdôtains vous avez vraiment une très très très grande fantaisie. Voilà l'image qu'on donne à l'extérieur, parce que parmi ces délégués il y avait quelqu'un qui ne savait même pas qu'en Vallée d'Aoste on avait une tradition liée au français. Au contraire, d'autres délégués avec j'avais parlé, pensaient que le bilinguisme en Vallée d'Aoste était réel et pas fictif.

Cette interpellation naît de la publication d'une étude proposée par le Network to Promote Linguistic Diversity, qui est vraiment très intéressante et qui montre en comparant différentes identités, par exemple les Pays basques, la Bretagne et l'Irlande, sur le système scolaire et il arrive à vraiment une sorte de conclusion qui est définitive : la seule façon pour sauver des langues qui sont menacées par une langue dominante est l'école en langue. La seule façon : ici en Vallée d'Aoste on a cette langue dominante qui est italien, dans d'autres cas on a, par un exemple, l'espagnol.

L'exemple des Pays basques est très intéressant, parce qu'après la chute du régime de Francisco Franco en 1982, ils ont proposé une sorte de système basé sur trois filières de l'école : une filière totalement en espagnol, une filière bilingue, une filière en langue basque. Au début, logiquement, la filière la plus importante était celle espagnole et il y avait le 70 pour cent des élèves qui fréquentaient la filière en telle langue. Au contraire, on avait le 10 pour cent des élèves qui fréquentaient la filière bilingue et le 20 pour cent seulement qui fréquentait la filière en langue basque. En 2019, c'est là l'aspect le plus positif, on a un renversement total de ces proportions. En effet, on a le 77 pour cent des étudiants qui fréquentent l'école en basque, 18 pour cent qui fréquentent les écoles bilingues et seulement le 5 pour cent qui fréquente encore l'école seulement en espagnol.

On doit faire un peu une réflexion, parce que le système valdôtain qui était peint comme un modèle, est basé sur ce genre de division. Pendant le Comité mixte, en séance dans cette salle, on a eu l'intervention de la professeure Grange de l'Université la Vallée d'Aoste, qui avait peint une sorte de monde fantastique de la question du bilinguisme en Vallée d'Aoste, en faisant même un grand éloge d'Université de la Vallée d'Aoste, en disant qu'on avait même des cours en français et ainsi de suite. Alors, dans ma tête j'ai réfléchi et je me suis dit que je ne me souviens plus si j'ai fréquenté l'Université de la Vallée d'Aoste, pas parce que - je me souviens bien - on avait seulement un cours en langue française, c'était l'enseignement du français et tous les autres cours étaient seulement en italien.

Alors, c'est pour cette motivation qu'on doit faire une réflexion. Comprendre si le système valdôtain est en effet un modèle et si on a des alternatives qui peuvent être menées. Le fait de travailler sur l'école en langue, le fait de travailler sur l'immersion linguistique, selon ces recherches, est la seule façon pour sauver les langues, bien aussi les langues minoritaires. Il doit être posé sur la table, parce que si on continue avec ce genre de système, très probablement on arrivera vers une haine totale du français et une perte totale aussi des langues minoritaires.

C'est pour cette motivation qu'avec cette interpellation je veux demander si on a l'intention de la part du Gouvernement régional de travailler, de proposer, évidemment au niveau expérimental au début, une sorte de double filière d'école, une sorte de lycée en langue, des classes en langue française, pour voir si on a des résultats meilleurs pour ce qui concerne l'enseignement du français, et bien évidemment pas seulement du français. Cela pour après peut-être travailler pour un système global de l'immersion en langue, pas seulement de l'école dans les lycées, mais dans l'école moyenne aussi, dans l'école élémentaire, peut-être même aussi dans l'école maternelle. Je demande donc à vous, Assesseur, quelle est votre position sur le thème de l'école en langue, si vous avez aussi l'envie de lancer ce projet expérimental pour porter des classes ou des lycées à langue française.

Presidente - Per la risposta, la parola all'assessore Caveri.

Caveri (AV-VdA Unie) - Monsieur le Conseiller, vous avez fait une prémisse très politique et moi je me limiterai aux réponses, parce que sinon dans les dix minutes ce serait impossible de répondre à vos questions.

La première est sur la question de l'évaluation, les résultats des compétences linguistiques de nos étudiants, évidemment sur la langue française. Il y a aujourd'hui un système d'évaluation qui s'appelle, comme vous le savez, Invalsi. C'est un dispositif qui permet en Italie de comparer les résultats entre écoles et zones géographiques sur l'italien, les mathématiques et l'anglais. Mais, vous le savez, nous avons ajouté dans la législation régionale le français, en suivant le parcours juridique que nous avons, c'est à dire d'un côté le Statut spécial et après l'ensemble des règles que nous avons pour l'école valdôtaine. Je pense au décret d'exécution du Statut, qui prévoit du 2016 des épreuves de français dans l'Invalsi, comme je le disais auparavant. J'ajouterai que nous avons une autre loi, toujours du 2016, portant adaptation à l'organisation scolaire de la Vallée d'Aoste. Donc je dois dire, du point de vue de la possibilité d'évaluer, nous avons l'avantage d'avoir des instruments techniques qui sont considérés en positif selon les critères que nous avons décidé.

Je dois dire que de ce point de vue, pour les différents cours scolaires, nous avons aujourd'hui comme cadre de référence celui européen commun de référence des langues, c'est à dire on va du niveau A, B, C, selon les différentes écoles. Évidemment, dans les écoles secondaires on demande un niveau plus élevé que pour ce qui est des écoles des écoles primaires. En ce qui concerne le français, les élèves démontrent en Vallée d'Aoste dans les différents degrés d'enseignement, donc du primaire au secondaire, un bon niveau dans les activités de compréhension écrite et orale, avec quelques difficultés en plus dans la production écrite.

Pour ceux qui est de votre idée de raisonner sur avoir la possibilité d'améliorer la connaissance du français, surtout dans l'enseignement en immersion, c'est une piste intéressante qui n'est pas encore très répandue, non seulement en Vallée d'Aoste mais aussi en Italie, qui s'accompagne un peu à l'enseignement traditionnel. Cette piste permettrait probablement d'améliorer, comme le démontrent des récentes études des chercheurs belges, le vocabulaire dans la langue étrangère, plus large et plus varié, d'avoir une meilleure capacité à rédiger des textes. Comme je disais, le texte est aujourd'hui un handicap, tandis que la possibilité orale est bien suffisante.

En Italie il y a aujourd'hui six instituts français : le lycée Jean Giono à Turin, le lycée Standahl à Milan, le lycée international Victor Hugo à Florence, le lycée Chateaubriand et l'Institut Saint-Dominique à Rome et l'école Alexandre Dumas à Naples. Cela dit, il faut souligner qu'en Vallée d'Aoste l'éducation bilingue reste une grande opportunité formative, pédagogique, didactique pour l'ensemble de nos élèves. On n'a pas choisi, parce que c'est ce qui est dans notre Statut d'autonomie, une option monolingue avec des écoles séparées pour l'italien et le français, comme au Québec ou au Sud Tyrol, car cette mesure, qui semblerait plus efficace au niveau de la sauvegarde linguistique identitaire d'un groupe minoritaire, se fonde sur la séparation entre groupes linguistiques ; le Tyrol du Sud, comme vous le savez, a trois types d'écoles : celle en italien, celle en allemand et celle en ladin. Le français chez nous devrait être une langue qui ne sépare pas et chaque résident, chaque élève résident au Val d'Aoste a droit à la connaissance du français.

À partir de l'école maternelle, on utilise la langue française dans tout le cursus scolaire, soit comme langue d'enseignement, soit comme langue véhiculaire dans d'autres matières ou dans des projets interdisciplinaires. Je dois dire, comme témoin avec mes enfants, que la situation a améliorée d'une façon forte dans les années et donc aujourd'hui, il y a vraiment plus de possibilités d'employer le français dans l'école.

Ce modèle d'éducation bilingue favorise l'alternance, ou devrait favoriser, l'alternance des langues, en permettant à chaque personne de s'exprimer dans une ou plusieurs langues selon les situations, de manière stratégique pour négocier du sens, porter des messages de contenu, donner des informations. Il faut considérer la connaissance de plusieurs langues comme une richesse, non comme un handicap ou une obligation, parce que souvent on associe le bilinguisme à une idée de d'équilinguisme, c'est à dire d'une équité linguistique, au bilinguisme équilibré, c'est à dire la maîtrise de deux langues de la même façon. En réalité, selon les experts la personne bilingue à la capacité de s'adapter à une situation de communication donnée et donc de choisir le registre de langue, en limitant le plus possible les interférences, les calques ; elle est à même de réfléchir sur l'objet langue et de faire des ponts entre les langues. Le parler bilingue peut être différent de celui du natif. Les compétences linguistiques ne doivent pas forcément coïncider avec celles d'un locuteur natif, il s'agit d'un bilinguisme plus accessible et plus pragmatique.

Il ne faut pas oublier que le Conseil de l'Europe - j'ai travaillé dans le passé en tant que membre - définit la compétence plurilingue comme la compétence potentielle et ou effective à utiliser plusieurs langues à des degrés de compétence divers et pour des finalités différentes. D'après le cadre européen commun de référence, le point de vue adopté met l'accent sur la compétence communicative de l'individu, riche des connaissances des expériences linguistiques de celui-ci et dans laquelle les langues se mettent en relation et interagissent ; et c'est mon expérience personnelle dans les institutions européennes, d'un emploi vif de la langue française. La finalité de l'enseignement devient alors le développement de cette compétence, d'où l'expression du plurilinguisme comme compétence. La dimension culturelle est toujours présente dans ce que le Conseil de l'Europe appelle la pluriculturalité, une compétence plurilingue et pluriculturelle.

En Italie, je reprends à la dernière question, nous avons 14 établissements scolaires labellisés, dont 5 en Vallée d'Aoste: Luigi Barone et Jacquemet à Verrès, Einaudi à Aoste, le Lycée Classique artistique et musical à Aoste et la Fondazione per la formazione turistica à Châtillon, qui ont obtenu le LabelFrancEducation par le Ministère français de l'Europe et des affaires étrangères, en tant que filière d'excellence bilingue francophone, qui propose un enseignement renforcé de la langue française d'au moins une discipline non linguistique en français, conformément au programme officiel du pays d'accueil. On pourrait proposer à ces établissements qui ont déjà mis en place des parcours et des projets d'éducation, une section d'enseignement en immersion, une approche alternative à l'apprentissage traditionnel des langues, pour offrir une formation particulièrement enrichissante, dynamique, attractive et ouverte. Cette approche implique concrètement une exposition intensive de longue durée à la seconde langue. Donc on pourrait et je proposerai dans ces bâtiments de faire cette expérimentation.

Pour conclure, on pourrait en particulier pour l'enseignement secondaire supérieur, voire l'offre du lycée classique bilingue, qui représente un unicum sur le territoire italien, mais qui en même temps ne permet pas des comparaisons avec d'autres réalités. On signale, par exemple, les difficultés dans le recrutement d'experts francophones et la baisse des inscriptions à la première année de ce parcours, qu'il faut modifier en tenant compte des possibles avantages qui pourraient venir pour les enseignants en langue maternelle à travers le traité du Quirinal. Une hypothèse en plus est celle de proposer ce lycée dans l'expérimentation, pour réduire les années de cinq à quatre avant la maturità .

Presidente - Per la replica, la parola al consigliere Lavy.

Lavy (LEGA VDA) - Monsieur l'Assesseur, merci pour votre réponse qui en partie me satisfait, parce que quand même j'ai vu une sorte d'ouverture sur ce thème. Ce sera la première fois qu'en Vallée d'Aoste on parlera d'école en langue et sera aussi intéressant, après quelques années, voire les résultats des élèves. C'est vraiment le fait des résultats qui devraient faire réfléchir, parce que on considère la langue française en tant que langue étrangère. L'évaluer dans les dans les épreuves Invalsi, ça signifie qu'elle est considérée en tant que l'anglais, qui est une langue absolument étrangère et qui n'est pas une langue officielle de la Région autonome.

C'est le problème qui est le noyau central sur lequel on doit réfléchir. Maintenant, aujourd'hui, le français est vu pour la plupart des gens en tant que langue étrangère. Ça veut dire que quelque chose dans le système scolaire valdôtain n'a pas marché, absolument pas marché. On devrait faire des réflexions à propos de ce thème, parce que sinon on continue avec une sorte d'hypocrisie dans laquelle, oui, on a la parification parfaite entre italien et français ; on continue comme ça et la haine de nos enfants, de nos étudiants continue à augmenter pour le français. Après ce serait vraiment intéressant de comprendre aussi le niveau avec lequel nos jeunes vont étudier peut-être à l'étranger, parce que c'est vrai, ils ont une connaissance de base du français, mais si on va demander aux gens qui vont fréquenter l'université à l'étranger ? Très souvent, ils se rendront compte et pourraient nous référer que le niveau de français est vraiment très, très en retard par rapport à celui standard à l'étranger.

Un autre problème c'est que, au-delà du système des Invalsi, on n'a rien pour évaluer le système scolaire valdôtain. Dans une région qui est plurilingue, c'est un problème ! C'est un problème assez important, parce que si on n'a pas des instruments qui puissent évaluer surtout les politiques, les méthodes d'apprentissage, alors on a un grand problème à la base de tout. Et voilà qui naissent cette sorte de questions avec lesquelles les étrangers viennent ici et demandent : qu'est-ce que c'est votre bilinguisme ? On doit leur expliquer, on doit leur parler. Et on est déjà de hommes fortunés, parce que quelqu'un prend ce qui vient du bilinguisme ici en Vallée d'Aoste, d'autres au contraire pensent qu'il n'y a pas rien du tout.

Mais bon, j'apprécie quand même votre ouverture, parce que ce serait la première fois vraiment qu'en Vallée d'Aoste on raisonne de façon sérieuse à propos de la question linguistique, parce que trop souvent, pendant trop de années le thème des langues a toujours été économisé, le français ça sert seulement pour prendre quelque peu d'argent en plus avec le bilinguisme. Oui, on va participer à des beaux événements à l'étranger, en disant qu'on est..., on parle français, mais ça suffit. Le français devrait retourner à être une opportunité. Le français comme aussi l'allemand dans la Vallée du Lys, et aussi les langues minoritaires avec lesquelles on devrait absolument travailler pour donner à nouveau un sens, pour ne pas faire perdre à nos jeunes les racines, la fierté d'appartenir à une terre qui a différentes racines.