Oggetto del Consiglio n. 2487 del 24 maggio 2023 - Resoconto
OBJET N° 2487/XVI - Retrait de motion : "Organisation d'une attrayante et digne célébration de l'anniversaire des 80 ans de la Déclaration de Chivasso".
Bertin (Presidente) - Punto n. 19 all'ordine del giorno. Il consigliere Lucianaz si è prenotato, ne ha facoltà.
Lucianaz (LEGA VDA) - On revient sur la guerre. Depuis le 8 septembre 1943 l'Italie est cassée en deux. Il n'y a plus de gouvernement légitime, mais deux fantoches qui sont l'expression de deux pouvoirs militaires autres : les Alliés et le Troisième Reich.
On a parlé à propos du 8 septembre de mort de la patrie pour ceux qui la reconnaissaient en l'Italie, la leur bien entendu. En réalité, il n'y a plus d'Italie, tout devient possible, le pire et le meilleur des hommes peut se déchaîner. Dans l'Italie du Nord, que l'on imaginait alors serait délivré en 1944 par les Alliés, cela sera particulièrement et douloureusement bref. La Repubblica sociale italiana, première république italienne, au moins du point de vue formel, secondée par les troupes allemandes montrera le visage le plus bestial du fascisme et se livrera à des excès, à la torture et aux exécutions sommaires. Des orgies de violence qui laisseront longtemps leur trace dans la mémoire collective. Le pire des hommes se déchaîna quand le MSI se présentera aux élections ; ce sera dans le midi de l'Italie qu'il recueillera le gros de son consensus. La grande majorité de ceux qui avaient vraiment connu Salò n'en voudront plus.
Mais ce fut aussi le moment où l'on pût, comme dans un rêve, imaginer librement une autre structure de la société, de l'état, de l'Europe. Là, le meilleur des hommes s'est exprimé, à notre avis, et c'est chez ce que le fascisme avait réduit en poussière que ce cri d'espoir se manifesta le plus haut. La Dichiarazione dei rappresentanti delle popolazioni alpine en est un des exemples les plus hauts. On l'a qualifié comme constitution des habitants des terres hautes. Ce n'est en réalité pas une constitution, mais en effet on peut y voir la revendication assumée d'une pleine dignité des habitants de la montagne, face au racisme systématique et violent auquel ils avaient été soumis.
Voilà donc une feuille de route, un programme, une inspiration. Elle est loin d'être parfaite. Chanoux écrira en effet Federalismo e autonomia, justement, pour préciser sa pensée en la matière. Elle ne fut pas adoptée sans discussion animée, notamment entre les européistes et les fédéralistes intérieurs, dont Chanoux, les européanistes représentées par Mario Alberto Rollier, qui adhérait à la charte de Ventotene et qui, après avoir donné naissance au mouvement fédéraliste européen, soutient la réalisation de la Fédération européenne, la seule possibilité pour la solution des problèmes européens. L''alternative étant autrement l'autodestruction de l'Europe, de sa culture et de ses civilisations multiformes, par une série infinie de guerres. Et aujourd'hui, on reparle de guerre. Émile Chanoux, au contraire, prônait la réalisation d'un système fédéral intérieur pour le nouvel état italien, qu'on imaginait structuré comme une république à base régionale et cantonale. Les uns et les autres se reconnaissaient dans les mêmes principes, mais ils n'avaient pas le même ordre de priorité.
Chanoux avait déjà écrit sur son idée d'Europe, notamment dans la causerie sur la Suisse, dont un fragment est inscrit sur la paroi derrière le bandeau du gouvernement ; vous le voyez bien, on le connaît bien. Mais l'estimer que pour que les peuples de la montagne, et d'abord le sien, les valdôtains, soient protégés, la structuration intérieure de l'état était prioritaire. D'autres, en revanche, pensaient sur la trace du Manifeste de Ventotene que l'unification européenne était prioritaire et que, en quelque sorte, elle aurait résolu, si pas tous, une grande partie des problèmes dus au nationalisme étatiste, qui avaient ensanglanté jusqu'alors l'Europe.
Mais alors où en sommes-nous aujourd'hui ? Que reste-il de ces espoirs, de cette vision, de cette tension vitale, de ce cri de liberté poussé si forts et si haut. Notre Vallée, notre Europe, notre société ont-elles dépassé tous les problèmes, ceux d'alors et ceux nouveaux ? La charte de Chivasso ce n'est-elle, désormais, qu'un vieux papier jauni, bon tout au plus pour quelques articles érudits ? Nous, on ne le croit pas. Je crois en revanche et profondément qu'il y a dans l'étude et l'analyse de cette période et de ce document un trésor à redécouvrir, non pas dans une célébration simple, creuse, formelle ou pompeuse, mais à travers un regard lucide, attentif et respectueux à ce que ces hommes ont voulu nous léguer comme message d'espoir, eux qui avaient connu l'horreur et dont un entre eux, Chanoux, quelques mois plus tard allait être la victime.
Je crois aussi que la Vallée d'Aoste n'a contracté, au moment où elle et elle seule s'est vue octroyer un Statut spécial, une dette si pas autre intellectuelle, vers ces autres populations alpines ; car ce statut existe. D'autres pourtant y aspiraient : il suffit de penser aux manifestations de liberté dans ces années, en ce même temps, dans la haute vallée de Susa, la Val Chisone, la Repubblica partigiana della Valsesia, la Repubblica dell'Ossola, seulement pour rester aux vallées avoisinantes ; eux, ils n'ont rien eu. Ces vallées languissent, voire sont en train de disparaître, sans que les valdôtains se rappellent que à Chivasso nous étions ensemble, et donc c'est le devoir du plus chanceux que nous puissions être qualifiés ainsi de se souvenir des autres.
Voilà la raison pour laquelle, pour une fois, la Vallée d'Aoste représente un phare pour toutes les régions italiennes qui réclament plus d'autonomie. Et les principes de la Charte de Chivasso, à la base de la feuille de route du parcours autonomiste, sont tout récemment à la une du débat institutionnel en Italie. Ne peut que nous rendre fiers de telle pierre angulaire déterminante à la création d'un état différent, comme ça a été dans l'après-guerre.
Voilà que c'est pour cela, monsieur le Président et les collègues conseillers, que je soumets à votre attention cette motion. Faisons revivre la charte de Chivasso, qu'elle soit dignement rappelée et fêtée cette année à l'occasion de la célébration des 80 ans. Que le Conseil, le Gouvernement régional préparent une importante célébration de ce prestigieux événement, qui voit concerner bien sûr les institutions valdôtaines, toutes les institutions. Qu'on donne la plus ample diffusion par les médias, pour que l'information soit répandue à tout niveau. Que nos élèves et tous les étudiants valdôtains apprennent et approfondissent la connaissance de ce moment historique et de l'importance de cette feuille de route déterminante dans le parcours des autonomies et des principes fondamentaux de la Constitution italienne, qui fut la Dichiarazione dei rappresentanti delle popolazioni alpine ; pour nous, pour les peuples alpins, pour une Europe avec une âme, notre âme, l'âme de nous européens !
Presidente - La discussione generale è aperta, se qualcuno vuole intervenire in discussione generale, si prenoti. Non vedo prenotazioni, chiudiamo pertanto la discussione generale. Per la replica del Governo, il Presidente della Regione si è prenotato, ne ha facoltà.
Testolin (UV) - J'ai écouté avec attention la présentation de la part du collègue Lucianaz, de celle qui est une invitation. Une invitation qu'on cueille évidemment avec plaisir, mais c'est quelque chose que nous avons déjà dans notre esprit et dans nos programmes. C'est-à-dire que on a déjà commencé à travailler pour bâtir un parcours, pas seulement pour valoriser la Charte de Chivasso, mais pour valoriser le parcours de la Résistance, qui démarre justement dès le septembre de cette année pour les 80 ans de son départ et ira de l'avant jusqu'à 2025, avec toute une série de situations dont la Charte de Chivasso est un des points centraux de ce parcours. C'est pour ça que déjà on s'est portée de l'avant avec l'indication d'un budget, qui pourra être mis à disposition pour valoriser des moments importants avec la population, avec les jeunes, avec des moments de rencontre et avec des situations qui puissent valoriser cet esprit que moi je partage. Je crois que vous le savez bien, monsieur le Conseiller.
Il est un peu particulier - permettez-moi, de conclure comme ça - d'entendre vos paroles à l'intérieur d'un parcours politique qui ne respecte pas toujours ce type d'attention envers l'histoire qui nous a précédé et qui nous amène aujourd'hui à valoriser ces moments. Pour ceux qui est la suggestion, on prend bien acte de la volonté de partager ce parcours. On le fera, on le fera avec le Conseil, avec des institutions qui auront la force et l'envie de travailler pour se mettre à disposition de ce parcours. On vous demande de bien vouloir retirer cette motion, car ce travail était déjà dans les cordes de l'Administration régionale. Donc, on prend cette invitation comme une invitation et on poursuit dans ce travail, dans l'espoir de pouvoir rencontrer même avec le Conseil régional des moments de partage pour bien faire.
Presidente - Si è prenotato il consigliere Aggravi, ne ha facoltà.
Aggravi (LEGA VDA) - Tout simplement pour faire une toute petite considération. Je crois que la que la réponse du Président soit très positive et nous permettra même de comprendre, probablement dans les prochains mois, ce que sera le programme de la une ou d'un parcours de rencontres, de manifestations par rapport à ce très important délai et même pour réfléchir par rapport aux considérations que ce matin on a fait en tant que lien entre le contenu de la Déclaration des populations alpines de Chivasso et ce qui est le futur de l'Europe, et pas seulement.
Je suis un peu étonné pour le fait que s'il y a une volonté de qui est commune à qui a proposé cette motion et même de toute ou d'une grande partie de la majorité, car sans doute il y a de parcours politique un peu drôle d'un côté, mais même de l'autre, et souvent, je dois dire, que même qui joue à avoir le monopole de l'autonomie et de la mémoire, quelquefois oublie ce qui sont les contenus et surtout les anniversaires des moments fondamentaux de notre parcours fédéraliste et autonome. Donc, je suis vraiment étonné par cette réponse. Je croyais qu'on aurait pu voter tous ensemble et, pourquoi pas, même signer tous ensemble une motion par rapport à ce point.
Étant donné que on considère cet anniversaire et surtout les contenus de cette déclaration un patrimoine de tous, de tous ceux qui veulent y croire et les partager, je pense que simplement pour le respect de cet important document et surtout de ceux qui ont eu le courage de le signer, de l'écrire, de le partager dans l'État, on va retirer la motion, mais simplement pour éviter que ça puisse être un moment de rupture pour une entente qui, au contraire, devrait être la plus partagée possible. Je suis contraire au monopole dans le monde économique, même dans le monde politique, et vraiment je suis un peu étonné par rapport à cette requête. J'aurais préféré entendre la proposition de la signer tous ensemble, ou bien ceux qui voulaient partager cet espoir.
On est sans doute content, on sera attentif par rapport au contenu et à l'organisation, je me souhaite, de plus d'un moment, étant donné que c'est un anniversaire très important. Mais bon, on prend acte de ça et, je répète, pour éviter que puisse être ce moment et cette motion une occasion de rupture et surtout une occasion négative, on va retirer cette motion, mais on sera sans doute attentif à ce qui est le parcours et ce que vous ferez dans les prochains mois.
Presidente - Si è prenotato il consigliere Lucianaz, ne ha facoltà.
Lucianaz (LEGA VDA) - Pour répondre à monsieur le Président. Écoutez, du point de vue personnel je n'accepte pas vos critiques, parce que j'ai un parcours assez cohérent au nom de l'indépendantisme ; indépendantiste ça signifie bien sûr l'autodétermination. Je l'ai fait quand Miglio a proposé une réforme constitutionnelle de l'État italien, j'ai adhéré à ça. J'ai fait partie du mouvement indépendantiste qui s'opposait à l'Union valdôtaine qui, à l'époque, était tout autre chose que la lutte pour l'autodétermination. J'ai continué dernièrement, quand j'ai adhéré aux propositions de Nicoletta Spelgatti et de Salvini, qui prônaient pour une réforme fédéraliste italienne ; ça ce n'est pas arrivé, également comme tous les efforts de l'Union valdôtaine n'ont abouti à aucune réforme constitutionnelle. Je continuerai mon parcours indépendantiste sans probablement arriver à des résultats éclatants, mais l'idée continue à être la même.
Par contre votre réponse ne m'a pas satisfait, même du point de vue de l'organisation de ce parcours de la Résistance. J'ai entendu de votre part mêler les morts en guerre avec la lutte de la libération. Alors que l'italien était l'occupant, il a tué des milliers de résistants dans le Montenegro, en Serbie, en Grèce. Alors ces gens étaient les agresseurs, étaient des soldats, donc ce n'est pas le cas de mêler les deux choses en même temps. Mais je l'ai entendu plusieurs fois, pour célébrer les valeurs des maquis, de l'antifascisme, en même temps que les fascistes et les maquis ont défendu les limites territoriales italiennes en combattant un à côté de l'autre. Donc je crois que c'est vous que vous mêlez trop de significations et trop de valeurs en même temps.
Presidente - Non vedo altre richieste di intervento. La mozione è stata ritirata, pertanto con questo punto all'ordine del giorno, si concludono i lavori della giornata di oggi del Consiglio regionale. I lavori riprenderanno domani alle ore 9:00.
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La seduta termina alle ore 20:01.