Oggetto del Consiglio n. 45 del 7 giugno 1966 - Verbale
OBJET N° 45/66 - DÉCLARATION DE MONSIEUR BERTHET.
Monsieur le Conseiller BERTHET fait la déclaration suivante:
"Messieurs les Présidents,
Messieurs les Assesseurs, chers collègues,
Au terme de ces séances, qui ont commencé dans un climat que nous aurions tous souhaité plus tranquille, permettez-moi, tout d'abord, de vous exprimer la vive satisfaction du Groupe démocrate-chrétien pour la sérénité et l'objectivité avec laquelle tous les points inscrits à l'ordre du jour ont été traités, satisfaction aussi de constater que nous sommes finalement sortis de l'impasse.
Et, en vérité, c'est cela qui compte,... et pour une infinité de raisons qu'il serait inutile d'énumérer en ce moment ! Mais il est tout de même nécessaire d'en rappeler quelques-unes, car elles sont à la base même de notre Autonomie et de la vie de la Vallée d'Aoste.
Raisons administratives. Même l'électeur qui s'occupe le moins de problèmes économiques a compris au cours des mois que nous venons de vivre, que s'il avait fallu continuer de ce pas, nous allions droit à l'abime, à la faillite. Depuis quand a-t-on vu un pays comme le nôtre, avec son Autonomie, avec ses lois, avec ses franchises, arriver à la moitié de l'année sans que le budget soit approuvé ?
Alors que nous sommes les seuls, en Europe, à disposer, presque simultanément, de deux tunnels routiers internationaux et d'une grande voie de communication rapide en construction ?
Alors que tout est encore à construire, chez-nous, alors que nous n'avions commencé qu'à édifier le gros oeuvre, et que tant d'ouvrages différents et tous aussi urgents les uns que les autres nous attendaient ?
A-t-on pensé, en agissant d'une manière aussi démente comme on a osé agir, que tout ce temps perdu, perdu pour des disputes qui n'étaient, dans le fond, que l'expression du dépit d'avoir à quitter une place qui, démocratiquement, ne leurs appartenait plus, que pendant que l'on gâchait ainsi ce temps précieux et irrécupérable, d'impérieux problèmes vitaux pour notre Autonomie, pour notre Région, étaient là, aux portes, et attendaient une solution ?
Que ce soient ceux inhérents nos droits statutaires, que ce soient ceux regardants l'occupation de la main d'œuvre par la création d'un programme vraiment organique de travaux d'intérêt public, ou bien ceux, plus graves encore, des places à créer pour l'emploi de notre jeunesse laborieuse et qui, une fois les études terminées, n'aura d'autre alternative, si elle ne trouve pas dans la Région les places de travail qu'elle est en droit d'attendre, que d'aller offrir son intelligence, sa culture ou ses bras à d'autres régions, ne laissant à la Vallée d'Aoste que le bénéfice de l'avoir instruite ou de l'avoir formé dans nos écoles.
Il y a, enfin, une raison émotive, de sensibilité politique, et qui vaut la première.
A-t-on pensé, avant de déclencher ce que je n'hésite pas à appeler une "mascarade", aux répercussions que de telles attitudes auraient eu en Italie et à l'étranger ?
Là aussi, la réponse est "non", et le moins qu'on puisse dire est qu'il s'agit d'irresponsabilité.
Le résultat ne s'est d'ailleurs pas fait attendre. Que ce soit dans la presse suisse, que ce soit dans la presse française, ou bien dans la presse nationale, de quelque bord qu'elle soit, - si l'on exclut, évidemment, la presse communiste -, la Vallée d'Aoste a été, pendant 15-20 jours, la risée de tout le monde.
Pendant trois semaines, le rouge au front, nous avons dû lire, le cœur serré, ce que disait de notre chère Vallée d'Aoste, dont les dirigeants étaient tantôt comparés à des chefs de tribus, comme il n'en existe même plus en Afrique, ou tantôt à des dictateurs d'opérette, comme on les représente dans les dessins humoristiques.
Tout un patrimoine de sérieux, de rectitude, de pondération, d'honnêteté administrative, patrimoine que durait depuis des siècles et avait été l'honneur suprême de la Vallée d'Aoste depuis le Moyen âge, dispersé aux quatre vents, dans un vaste éclat de rire rempli de commisération pour l'entêtement ou l'orgueil ou la mauvaise foi de quelqu'un !
Quel douloureux spectacle et quels tristes moments à passer ! Ce n'est certe pas pour voir cela que nous avons combattu et risqué notre vie au cours des années sombres de la Résistance !
Mais enfin, la Providence n'abandonne jamais les siens ; et après la tempête vient le beau temps.
Espérons, maintenant, de pouvoir partir dans la marche que nous avons à effectuer, afin de redonner à notre Vallée son véritable visage, visage qu'elle n'a jamais perdu, d'ailleurs, car il ne faudrait pas confondre l'honnête et travailleuse population valdôtaine avec ces messieurs.
Espérons, - ne disons pas rattraper le temps perdu, car le temps qui s'écoule ne se retrouve plus, hélas ! - mais nous mettre au travail, simplement, afin d'œuvrer de toutes nos forces pour le bien de notre Vallée, le développement de notre Autonomie, et le bon renom de notre Pays.
Espérons, enfin, que toutes ces querelles et ces luttes fratricides s'apaisent, finalement, et fassent place à la concorde et à l'amour entre Valdôtain.
C'est le souhait le plus fervent que nous formons.
Il y a tant à faire, dans notre Région, sans nous embarrasser de surcroit par des résidus de faine ou de rancœur.
Nous devons faire taire nos ressentiments, et nous devons travailler afin de rendre la Vallée d'Aoste toujours plus belle, plus laborieuse et plus prospère !
Tout le reste, c'est du bavardage inutile et de la perte de temps.
On en a assez perdu, depuis des mois, sans en ajouter encore.
Le jour où tous les Valdôtains, sans distinction, je répète, sans exception aucune, - et je me souhaite que tous les Valdôtains le veuillent comprendre - travailleront tous ensemble pour réaliser ce but, sera vraiment un grand jour dans l'histoire valdôtaine.
C'est sur ce dernier vœu que je conclus, en souhaitant: "Bon travail" ! à l'équipe d'Administrateurs que nous avons eu l'honneur d'élire".
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